Épisode 05 : Dre Émilie Comeau

April 25, 2025 00:39:00
Épisode 05 : Dre Émilie Comeau
La chirurgie au féminin
Épisode 05 : Dre Émilie Comeau

Apr 25 2025 | 00:39:00

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Show Notes

Dans cette vidéo, découvrez : Le parcours de Dre Émilie Comeau, chirurgienne générale, qui partage ses experiences avec la maternité et l'enseignement.

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Episode Transcript

[00:00:00] Speaker A: Le balado que tu t'apprêtes à écouter, tu peux pas l'entendre ailleurs. [00:00:08] Speaker B: Bonjour tout le monde. Aujourd'hui au balado la chirurgie au féminin, nous recevons le Docteur Émilie Comeau, chirurgienne générale au CIUSSS de l'Estrichus et également chef de service du département de chirurgie générale. Pratiquant depuis 2003, elle possède beaucoup d'expérience dans le domaine, donc on a hâte de discuter de ça avec elle. Puis elle a aussi beaucoup d'expérience dans le domaine de l'enseignement, ayant été chef du département du programme de résidence à Sherbrooke. Donc, aujourd'hui, on va aborder avec elle les thèmes de l'enseignement, puis aussi de la maternité. Donc, nous avons très hâte d'en apprendre plus sur ces deux sujets. Des histoires de détermination et d'excellence. Passons le micro aux femmes chirurgiennes. [00:01:08] Speaker C: Donc, bonjour Docteur Comeau. On est vraiment super content de vous avoir aujourd'hui au podcast. Donc, est-ce que vous pouvez commencer par vous introduire un petit peu, parler un peu de votre parcours et qui vous êtes? [00:01:19] Speaker A: Certainement. Merci de l'invitation. Je trouve ça quand même vraiment important. Je trouve ça le fun ce que vous faites parce que, t'sais, moi, on remonte à quelques années ma formation. Puis, il n'y avait pas beaucoup de mentors féminins. Moi, j'ai fait ma résidence et ma médecine à l'Université de Sherbrooke. J'ai terminé ma résidence en 2002. Puis, ce qui était vraiment particulier, c'est qu'en 1997, quand j'ai terminé ma médecine, hé, c'est même pas avant, c'est avant 2000. Quand on a commencé la résidence, ça ne fonctionnait pas exactement comme le CARMS, là, donc on appliquait dans différentes universités, puis on recevait les réponses une à la fois. Donc, chaque université nous appelait quand ça leur tentait, puis là, on avait 48 heures pour dire oui ou non. Fait que là, si tu recevais en premier, mettons, ta réponse de l'Université de Montréal ou de l'Université de Sherbrooke. Tu ne savais pas si un jour tu allais être appelée par l'autre université. Il y avait beaucoup de stress. Je me rappelle que finalement, j'étais bien contente, je voulais faire ma résidence à l'Université de Sherbrooke. Puis finalement, c'était la première année où il y avait quatre filles résidentes en même temps. On était quatre à R1. Ça ne s'était jamais vu. On n'avait pas de professeur chirurgien. Il n'y avait que des hommes comme professeurs. Et là, je me souviens très bien que notre directeur de programme avait dit, « Oh, les filles, là, je réalise que vous êtes quatre filles, puis là, c'est des petits jokes un peu machos dans ce temps-là, du style, qu'est-ce que vous penseriez d'une ligature prophylactique? On va vous départir en R5. » On rit, tu sais, on était quand même habitués à ce genre de jokes-là. Et finalement, il y a une des résidentes avec qui je faisais ma résidence qui est tombée enceinte quand elle était en deuxième année de résidence. Et là, ils ont commencé à paniquer. Ils se sont rendus compte que peut-être qu'il n'y aurait pas d'ère 5 une année si les trois autres tombaient enceintes, ce qui n'est pas arrivé. Tout ça a très bien fini. Suite à ma résidence, moi, j'ai fait une année de fellowship à New York où j'ai fait... la chirurgie laparoscopique et la chirurgie bariatrique. Dans ce temps-là, la laparoscopie, c'était vraiment spécial. On faisait toutes les chirurgies ou presque par voie ouverte, même les cancers du côlon. Ce n'était même pas possible de faire une chirurgie de côlon par cancer. Ce n'était pas encore accepté. On faisait en laparoscopie, disons, des appendicectomies, des cholecytectomies, mais pas grand-chose de plus. Donc là, quand je suis revenue, en plus de faire de la chirurgie bariatrique par laparoscopie, ce qui était tout à fait nouveau, je montrais un peu à tous mes collègues comment convertir leur chirurgie ouverte en chirurgie laparoscopique. Ça, c'était quand même assez particulier. Tandis qu'aujourd'hui, un fellow en laparoscopie, ça existe moins. Chaque spécialité, si tu te formes en chirurgie colorectale, il va y avoir une partie de laparoscopie dans ton fellow, etc. Donc, c'est un peu ça. Depuis 2003, je suis professeure à l'Université de Sherbrooke. Comme vous le savez, on en avait parlé un petit peu, mais j'ai été directrice du programme de chirurgie générale pendant dix ans. Et puis là, tout nouvellement, je suis chef du service de chirurgie générale depuis environ un an. [00:04:11] Speaker D: Vous avez mentionné plein de belles choses intéressantes. On va approfondir un peu celle-ci au courant de l'épisode. On va faire juste un retour en arrière. Donc, est-ce que tu peux expliquer ce qui a motivé votre choix vers la chirurgie générale? [00:04:24] Speaker A: C'est une bonne question. Puis, on dirait que je m'en rappelle encore un peu comme si c'était hier. Moi, je voulais faire de la pédiatrie ou de l'urgence. Puis quand je regarde ça aujourd'hui, mon Dieu, comment je pouvais imaginer que c'est ça que j'aimerais faire. Puis en fait, je me rappelle, j'avais eu un choix de grille de stage d'externa, donc je n'étais pas très contente, parce que justement, il n'y avait pas d'aide au début, puis je commençais en gynéco puis en chirurgie. Donc là, mon première journée de stage en gynéco, j'ai eu la piqûre au bloc opératoire. Je me suis dit, oh, c'est bien le fun, ça. Puis là, je me rappelle qu'à la fin de mon stage, là, j'étais sûre que je voulais faire de la gynéco. Fait que là, j'arrive dans mon deuxième stage qui était de la charge générale. Puis là, les gens me demandent qu'est-ce que je veux faire. Moi, je suis comme de la charge générale. Puis il y avait encore des jokes plates dans ce temps-là qui étaient du genre « Ah oui, toi, tu veux ouvrir le ventre, enlever le verre, couper l'urta puis refermer le ventre. » Puis moi, j'étais comme « OK, ben non, pas vraiment. » J'ai pas vu ça dans mon stage. Et finalement, plus le stage avançait, je me rendais compte que, oui, le bloc opératoire, j'avais aimé ça, la gynéco aussi, mais là, finalement, la chirurgie générale, finalement, ça venait chercher aussi toutes les notions de gastro, puis j'avais donc aimé ma phase de gastro, finalement, puis là, je trouvais ça varié. Fait que là, à la fin de mon stage, je voulais faire de la chirurgie générale. Mais là, évidemment, quand tu fais un mois de gynéco, puis tu veux faire de la gynéco, puis tu fais un mois de chirurgie générale, puis tu veux faire de la chirurgie générale, le monde ne te croit plus. Fait que là, je me suis dit, bon, bien, je pense que j'aimerais ça faire de la chirurgie générale, mais je vais garder ça un petit peu pour moi pour l'instant. Et après ça, ça a toujours été ce que j'ai aimé le plus dans tout mon externat. Puis je dirais que probablement le meilleur indice, c'est quand tu ne vois pas la journée passée. Moi, c'est un peu ça qui arrivait à la fin de mes journées de stage de chirurgie générale. Il n'y avait pas à être 5 heures, 6 heures. Je ne voyais pas le temps passer. Puis alors qu'à l'urgence, quand mon chiffre achevait, je commençais à regarder les dossiers qui restaient, puis tu sais, je me disais « Bon, c'est 20 minutes, je vais essayer de prendre quelque chose de pas trop long. » Puis je pense que moi, je suis une personne qui aime mieux pas savoir à quelle heure je suis finie. Tu sais, comme, il y a le travail, puis quand c'est fini, c'est fini, versus un chiffre. Ça, c'était moins pour moi. Je commençais à regarder l'heure puis me dire, bon, bien, c'est presque fini, c'est presque fini. Soit que c'était pas ma place ou c'était pas mon mode de travail. [00:06:39] Speaker C: Puis est-ce que c'est comme, de ce qu'on comprend, c'est vraiment comme, une fois que vous avez eu de l'exposition clinique, que vous avez comme tombé en amour avec ce milieu-là? [00:06:47] Speaker A: Vraiment. Puis tu sais, ça serait peut-être un des défauts de l'Université de Sherbrooke, on est très peu exposé auprès externa à tout ce qui est spécialité chirurgicale. Le cursus, là, je sais qu'il a changé, mais encore là, il est quand même très médical. Puis c'est un peu normal aussi, là, parce que tu sais, une partie théorique, tu sais, il y a une limite là à comment on peut aller en profondeur. dans les pathologies chirurgicales, juste avec l'histoire et l'examen physique. La chirurgie, c'est beaucoup du travail pratique. Mais oui, je pense qu'il y a beaucoup de gens qui découvrent une passion pour les spécialités chirurgicales à l'externat. Vous avez quand même la chance des fois d'avoir des mentors dans certaines c'est comme des activités de RDPP, tout ça, puis j'envoie des étudiantes première, deuxième année qui viennent avec nous au bloc opératoire, mais à mon époque, on était très peu exposés à des professeurs comme ça qui nous invitaient au bloc, fait que je pense qu'il faut se laisser quand même la chance à l'externat de faire des belles découvertes. [00:07:44] Speaker D: C'est super intéressant parce que les deuxièmes années sont présentement en processus de sélection des grilles, puis c'est le fun d'entendre des histoires de même si on n'est pas heureux par rapport à notre grille, ça peut quand même bien aller. Vraiment, vraiment. [00:07:55] Speaker A: Des fois, il n'y arrive rien pour rien. [00:07:58] Speaker C: C'est ça. Puis justement, quand vous êtes arrivés en clinique, puis là, vous avez dit qu'il n'y avait vraiment pas beaucoup de mentors féminins dans ce milieu-là, est-ce que ça a été un certain frein pour vous à vous poser des questions par rapport à votre choix de carrière ou pas nécessairement? [00:08:10] Speaker A: C'est une bonne question. En fait, il n'y en avait pas beaucoup, il n'y en avait pas du tout. Mais honnêtement, on dirait que j'avais quand même des résidentes seniors, par exemple. Ça fait qu'il n'y avait pas aucun modèle. On était quatre filles dans la même année. Puis, je dois quand même dire qu'à l'Université de Sherbrooke, même s'il n'y avait pas de professeur femme, il n'y avait pas beaucoup de misogynie. Honnêtement, même des fois, il aimait quasiment mieux opérer ou faire des affaires avec les filles. Il n'y avait pas de favoritisme, je ne dirais pas jusque-là, mais on était vraiment sur le même pied de l'égalité que les résidents, hommes, gars. Mais je dirais que dans d'autres universités, au moment de ma formation, je ne donne même pas de nom, mais ce n'était pas nécessairement partout comme ça. Ça fait que l'Université de Sherbrooke, je pense, le programme de chirurgie était quand même assez avant-gardiste pour nous faire sentir à notre place, puis pas nous faire penser qu'on ne pouvait pas faire carrière là-dedans. Comme tu l'as dit, même si ça leur avait fait peur, finalement, d'avoir choisi quatre filles, mais eux, ils faisaient leur rang, puis ils nous appelaient un par un, probablement qu'on n'était pas les quatre premières candidates dans leur liste initialement. Mais tu vois, pour revenir sur ça, ce que je trouve vraiment intéressant, c'est qu'encore récemment, disons dans les 4-5 dernières années, j'ai des résidentes qui m'ont dit que des professeurs chirurgiens, pas de chirurgien général, à Sherbrooke, leur avaient dit que ce n'était pas possible de faire une carrière chirurgienne comme femme. T'sais, cette résidente-là, ça l'avait un peu choquée, t'sais, elle était quand même, mettons, R3 ou R4, puis elle avait dit, bien, il n'avait pas dit que ce n'était pas possible de faire une carrière, mais ce n'était pas possible de faire une carrière puis d'avoir des enfants. Puis lui, il était un peu, je pense, ce professeur-là, un peu aigri de peut-être ne pas avoir de famille. Puis là, elle avait répondu, ah, bien, franchement, à Dr Comeau, elle a trois enfants, là. Puis elle avait dit, ah, bien, c'est une exception. Mais moi, je ne suis pas d'accord avec ça. J'en connais quand même plein des collègues femmes chirurgiennes qui ont des belles carrières. C'est vrai qu'il n'y avait pas de modèle dans le temps, mais maintenant vous avez la chance d'en avoir plein. Je pense qu'on a fait vraiment la preuve qu'on est à notre place. Il y a même des articles qui montrent, vous le savez peut-être, que les chirurgiennes ont moins de complications que les chirurgiens. [00:10:25] Speaker D: Oui, on a déjà entendu parler. Est-ce que vous pourriez d'ailleurs expliquer un peu plus comment vous avez jumelé une carrière chirurgicale avec la maternité? [00:10:33] Speaker A: Oui. Je dirais qu'au départ, je n'étais pas certaine si je voulais des enfants et combien. J'ai fait ma médecine tout de suite après mon cégep, donc je n'avais pas vraiment de gros projets à ce niveau-là. Je pensais peut-être même que je pourrais ne pas en avoir. Puis finalement, à un moment donné, j'avais un chum, ça allait bien, nos affaires, puis je me suis dit peut-être un. Puis là, après ça, j'appelle ça le racket du bébé-naissance, parce qu'un bébé-naissance, ça sent bon. Puis là, après ça, t'en veux un autre. Une fois partie, j'en ai eu trois. Puis peut-être que j'en aurais eu plus si je n'avais pas commencé ma maternité aussi tard, parce que ça, c'est quand même, il faut se le dire, la chirurgie, On peut avoir des bébés pendant la résidence, mais ça peut être difficile. C'est quand même une résidence exigeante, comme bien d'autres résidences. Je ne veux pas dire que la résidence en Chirurgie, c'est la pire, loin de là. Mais c'est les bonnes heures, c'est les gardes, c'est un choix. Il y en a qui réussissent à avoir des enfants pendant leur résidence, mais ça peut être difficile. Donc moi, j'avais mieux aimé faire ça à mon début de pratique. Donc j'ai eu, j'ai décidé d'avoir ma première grossesse pendant que mon chum allait en fellow. Mon chum aussi travaille à l'Université de Sherbrooke, il a fait un fellow pendant un an à Calgary. Donc, on a essayé de timer nos affaires, puis on a été chanceux. Puis, j'ai accouché de mon premier enfant, une fille à Calgary. Fait que mon premier congé de maternité, il y a été de un an. Je suis partie toute l'année avec lui. Donc, ça, c'est quand même rare, par exemple. Les gens ont tendance à prendre des congés plus courts. Mais, tu sais, je pense qu'il ne faut pas avoir peur de prendre les congés qu'on veut. Donc, j'avais accouché de ma fille à la mi-août. Tu sais, les fellows, c'est de juillet à juin. Donc, on avait quand même bien timé nos choses. Par contre, traverser le Canada en auto, enceinte de plus de 30 semaines, c'est pas cool, mais bon. J'ai eu des petites mésaventures obstétricales là-bas qui me donnaient le goût de revenir ici, mais je ne pouvais plus prendre l'avion parce que j'étais trop enceinte. Fait que ça, il faut vivre avec ça. Puis ensuite, j'ai eu deux autres grossesses où j'ai pris respectivement des congés de juste parce que mes gars, ils étaient nés en avril puis en février, puis je me disais, je vais revenir après les Fêtes. Moi, mon groupe a toujours accepté qu'on prenne un peu les congés de maternité de la longueur qu'on veut. J'ai certaines de mes collègues qui ont pris des congés plus courts, mais t'sais, moi, dans mon service, on est vraiment hyper ouverts, là. C'est ta décision, c'est ta grossesse. Puis j'ai une collègue actuellement qui vient d'accoucher de jumeaux, puis elle a l'intention de prendre un an. Puis je pense que... C'est bien, on peut se le permettre, puis il ne faut pas avoir peur. Tu sais, un congé de maternité, là, on revient, puis on n'a rien oublié. [00:13:24] Speaker D: Il n'y a pas de problème. Les ablés techniques, vous n'êtes pas rouillée? [00:13:27] Speaker A: Absolument pas. Moi, en tout cas, je ne l'ai jamais senti, puis je l'ai fait trois fois. Je ne voyais pas la différence quand je revenais. [00:13:33] Speaker C: Donc, c'est définitivement un mythe de dire que le projet de maturité, ça nuit à la pratique. [00:13:39] Speaker A: Ah, vraiment. Par contre, c'est un peu désagréable, je vais être honnête, puis des fois, tu sais, on peut être un peu jalouse des gars qui n'ont pas à faire ça dans le sens où il faut comme dire à tous nos patients qu'on va partir, il faut tout préparer un peu la paperasse, il faut transférer nos patients, il faut que les patients comprennent que là, il va y avoir un délai opératoire ou ils vont être transférés à des collègues. Puis là, quand on revient, on fait comme un nouveau début de pratique. Fait qu'on fait ça, tu sais, comme moi, dans mon cas, trois fois. Ça a une certaine lourdeur, mais je pense que la lourdeur est la même que tu partes quatre mois de congé, six mois de congé ou neuf mois. Je pense qu'il ne faut pas s'empêcher de le faire. [00:14:15] Speaker C: Est-ce que le fait que, justement, vous avez eu vos enfants en début de pratique, souvent on parle beaucoup avec nos autres invités qu'on a eus, que le début de pratique c'est un peu plus difficile puisqu'il faut prendre le début. [00:14:28] Speaker A: J'ai dit début et ce n'est pas si vrai que ça parce que je suis revenue, j'ai commencé à travailler en 2003 et ma fille est née en 2006. Mais pour moi, c'est mon début de pratique parce que ça fait longtemps. Mais peut-être que si ma fille avait trois ans, je te dirais, ben non, j'ai commencé par travailler deux à trois ans. Fait que oui, c'est vrai. J'ai quand même pris le temps de bien établir ma pratique. Fait que moi, j'ai eu un enfant à 32, un à 34, un à 36. Donc, oui, c'est ça. Je pense que ça pourrait être difficile, mettons, dans la première année, quand t'as pas établi ta routine, effectivement. Mais je pense pas que c'est impossible non plus. Si ça arrive, ça arrive, puis il y a toujours moyen de s'arranger. [00:15:05] Speaker D: Puis dans le quotidien de tous les jours avec des enfants en jeune âge, comment vous arrivez? Tu sais, parfois, j'imagine que vous ne savez pas à quelle heure vous finissez. [00:15:12] Speaker A: Oui. C'est sûr que ça prend de l'organisation. Tu sais, tu vois, là, je vous l'ai dit, nous, on est deux chirurgiens en couple. Il y en a toujours un qui garde, il y en a toujours un qui opère. On ne sait jamais quand la salle d'op finit. Vous avez vu, là, tantôt, je suis arrivée un peu en retard. Tu sais, on est un peu à la merci de choses qu'on ne peut pas contrôler, là, comme combien de temps va prendre une intervention, combien de temps va prendre une endoscopie. Mais ça prend un bon support. Donc, nous, on avait une gardienne à la maison, puis je pense que c'est le conseil que je donnerais à toutes les mamans médecins. On peut se le permettre, on a la chance d'avoir quand même habituellement un bon salaire. Ça, c'est une paix d'esprit. D'avoir quelqu'un qui est là tôt le matin, puis d'avoir quelqu'un qui est là, puis tu ne te sens pas pressée parce que ta garderie va fermer. J'imagine aussi qu'il y a des garderies avec des heures assez flexibles qui pourraient faire quelque chose d'assez similaire, Moi, de ne pas avoir à me dépêcher le matin, mettre mes enfants dans des sous de neige, les brasser, les amener, les laisser dormir s'ils dorment, je trouvais ça vraiment bien. Mais tu sais, je dirais, les premières années, ce qui est tough, je dirais, quand les enfants sont petits, c'est qu'ils se couchent tous. Puis si tu finis un peu tard, tu manques un peu cette période-là. Quand même que tu arrives chez vous à 6 heures, si ton bébé se couche à 7, ce n'est pas grand temps. Je pense que des fois, il faut faire preuve de souplesse. Tu peux te laisser un petit peu de travail de bureau, puis peut-être te dépêcher d'arriver à la maison. être là à 5h, 5h30, puis passer un petit peu de temps de qualité, puis une fois que tes enfants sont couchés, refaire un petit peu de travail. C'est des fois des choses que j'ai faites. Puis l'autre chose aussi que moi j'ai faite, pendant que mes enfants n'allaient pas encore à l'école, mettons, tout le temps qu'ils avaient, mettons, 0-5 ans, c'est que j'ai pris beaucoup plus de semaines de vacances. Donc moi, encore là, une fois dans mon service, on a la chance d'être très respectueux. Il faut faire nos tâches, il faut faire nos gardes, mais tu sais, après ça, c'est pas mal vivre et laisser vivre. Puis ça, je pense que ça vaut la peine de trouver un groupe avec lequel on va bien s'entendre. Puis nous, je pense, dans notre groupe, on est un bel exemple de ça. Dans ces années-là, je prenais à peu près une semaine de vacances par mois. J'inclus là-dedans mes vacances familiales puis les congrès, mais je prenais aussi à peu près une semaine ou quatre à six semaines là, vraiment pour reprendre le dessus. T'sais justement, pas sentir que je suis toujours à la course. Puis quand on a des gens dans l'enfer, on a plein d'affaires à faire. changer les vêtements, le garde-robe d'hiver, faire des achats, des petits rendez-vous. Dans notre organisation familiale, c'était plus moi qui étais responsable de ça. Ça me permettait de ne pas toujours me sentir sur le bord, d'étouffer, d'être plus capable. Des fois, ma gardienne était quand même à la maison une journée ou deux, elle me permettait de faire des commissions, de la préparation, des affaires comme ça. Puis maintenant, je prends moins de vacances que je prenais à ce moment-là parce que là, mes enfants sont à l'école. Puis tu sais, quand ils sont à l'âge scolaire, bien là, tu sais, tu peux prioriser d'apprendre les journées pédagogiques. Tu sais, il y a plein de choses qu'on peut faire quand même pour s'organiser, là, pour que dans le fond, mettons, l'arrimage, le travail famille marche mieux, là. Des fois, ça vient au détriment de ta rémunération. C'est sûr que si tu travailles un petit peu moins et que tu prends des congés, tu fais un petit peu moins d'argent. Mais au global, je pense que la qualité de vie est importante. [00:18:36] Speaker C: Oui, définitivement. C'est intéressant de savoir ça. Vous avez l'air un peu vendue à Sherbrooke. Vous êtes restée un peu toute votre parcours à Sherbrooke. Vous avez quand même décidé de travailler dans l'équipe à Sherbrooke. Est-ce qu'à la base, vous saviez que Sherbrooke, c'était un milieu que vous aimiez avec l'équipe? [00:18:52] Speaker A: En fait, moi, je viens plus de Montréal, puis honnêtement, je pensais faire ma résidence à Montréal. J'avais même une amie en enseignement, puis on s'était trouvé une résidence ensemble. Mais j'avais comme aimé, dans ce temps-là, ils appelaient ça la journée des beignes. C'était comme la journée où ils faisaient visiter l'université, puis j'étais un peu tombée en amour avec la méthode APP. Dans ce temps-là, c'était innovateur à Sherbrooke. Donc là, j'ai déménagé ici, puis j'ai beaucoup aimé mes quatre ans. Après ça, pour ma résidence, bien la première réponse que j'ai eue, c'est d'ici. Fait que comme je te dis là, dans ce temps-là, on ne pouvait pas faire un CARMS puis ranking. Fait que j'ai été appelée rapidement par l'Université de Sherbrooke, fait que je n'ai jamais su si j'aurais été appelée par les autres universités. Fait que quand t'avais un poste là, tu ne disais pas non. Puis... Ma pratique, elle a beaucoup changé parce qu'au départ, il y avait deux pôles à Sherbrooke. Il y avait l'Hôtel-Dieu qui était un hôpital plus clinique, puis il y avait le CHU qui était plus universitaire, mais les deux avaient des résidents. Mais le vrai centre universitaire, c'était plus fleurimont. Mais moi, j'avais été recrutée pour travailler à l'Hôtel-Dieu, puis j'étais bien contente de ça. Je savais qu'il allait y avoir des résidents. mais ce n'était pas une pratique autant universitaire qu'elle l'est devenue avec le temps. Mais ça me plaît, là, tout à fait, ça a été graduel, tout ça, les programmes ont grossi, et tout ça, et tout ça. Mais quand même, quand j'ai fait mon fellow à New York pour répondre vraiment spécifiquement à ta question, j'aurais été très heureuse de rester là aussi. J'y ai pensé. Est-ce que j'aimerais ça? Travailler aux États-Unis, ça a quand même d'autres sortes de défis. C'est beaucoup dirigé par les assurances et tout ça. Ça, ça m'agace un petit peu. On ne se rend pas compte comment notre système de santé public est gratuit, même s'il va mal. Il va quand même bien comparé au système de santé américain où il y a une partie de la population qui n'a accès à aucun soin. Donc, mais j'y avais, j'y avais songé. Fait que je pense que je suis une personne qui aurait pu être heureuse un peu partout, bien honnêtement, là. Mais c'est vrai que je pense que l'Université de Sherbrooke, c'est un beau milieu pour les professeurs. C'est comme un bel équilibre, là. [00:20:57] Speaker C: Vous étiez quand même très attirée par le côté académique aussi que l'université pouvait vous apporter versus une région, par exemple, pour une pratique. [00:21:04] Speaker A: Oui. En fait, tu vois, j'ai commencé ma résidence, je n'avais pas d'idée en tête, puis j'ai fait mon premier stage à l'extérieur, à Sainte-Justine. Dans ce temps-là, il n'y avait pas de chirurgie pédiatrique ici, puis on allait faire deux ou trois mois, je ne m'en souviens plus, je pense. Trois, mais peut-être juste deux, en tout cas, à Sainte-Justine. Puis eux, ils m'avaient dit, « Hé, nous, on te verrait dans un milieu d'enseignement. On pense que tu as une personnalité académique. » Puis j'étais comme, « Ah, OK. » Personne ne m'avait jamais dit ça. « OK. » Puis là, ça a fait une petite graine que j'ai germée dans mon cerveau probablement. Puis après ça, c'est ça, les chirurgiens de l'hôpital Hôtel-Dieu m'avaient demandé, « On aimerait ça te recruter. Tu aimerais ça venir travailler avec nous. » « Qu'est-ce qui t'intéresserait comme surspécialité? » Puis nous, on pensait que peut-être la chirurgie laparoscopique pourrait être une bonne idée, tout ça. Puis j'ai fait, « Oui, c'est intéressant. » Mais à ce moment-là, je pense qu'encore là, on aurait pu me convaincre de faire une autre surspécialité, puis j'aurais trouvé du plaisir dans mon travail, dans d'autres surspécialités de la chirurgie. [00:22:09] Speaker D: Donc vous avez fait le fellowship en la paro dans l'optique de revenir avec cette expertise-là et faire de l'enseignement aux autres. [00:22:16] Speaker A: Oui, à mes collègues, puis aussi à débuter un programme de chirurgie bariatrique en laparoscopie. C'était ça, mon but principal. J'avais aussi appris à faire des dons d'organes, de reins, du donneur vivant qu'on appelle. tu as un patient qui donne son ray à quelqu'un, puis on le prélève par la paroscopie. Puis ça, tu vois, quand je suis arrivée, parce que je travaillais plus à l'hôtel Dieu, ça ne s'est pas bien arrivé. Puis finalement, tu sais, cette partie-là de ma pratique, tu sais, je ne l'ai pas faite. Ça fait que ça, il faut savoir aussi, tu sais, quand on part faire un fellow, on a une idée en tête de certaines choses. Puis des fois, après, notre pratique, elle peut s'adapter. Puis des fois, on ne fait pas tout pour lequel on a été formé, là. [00:22:58] Speaker D: Puis là, en ce moment, est-ce que vous faites seulement de la chirurgie bariatrique. [00:23:02] Speaker A: Ou vous faites d'autres? Non, c'est vraiment encore ça ma spécialité, la paroscopie qui est bariatrique. Donc, c'est sûr que par exemple, je ne ferai pas toute la chirurgie colorectale par la paroscopie. J'ai comme laissé tomber, mettons les chirurgies du rectum qui sont devenues plus spécialisées. Fait que je vais encore faire des colons parce que je fais de l'endoscopie. Fait que je vais encore faire des colons droits. Je les fais évidemment par la paroscopie parce que pour moi c'est l'approche la plus simple. Mais je fais d'autres chirurgies qui sont comme classiquement dans les phallos de la paroscopie, donc les surrénales. Fait qu'enlever les surrénales. Il n'y a personne que c'est vraiment leur spécialité en chirurgie ouverte. Je fais aussi beaucoup de ce qu'on appelle du foregut, ça veut dire la chirurgie bénigne de l'estomac et de l'ésophage, donc mettons les herniatales, l'hémidotomie de LR pour la calasie. des résections bénignes, puis je dirais qu'il y a à peu près 50% de ma pratique qui est de la chirurgie bariatrique. Aujourd'hui, la plupart de ces chirurgies-là, de Forgot par la paroscopie, sont faites peut-être plus par des chirurgiens thoraciques maintenant. Il y a quelques années, mettons, les chirurgiens thoraciques faisaient juste la chirurgie ouverte, puis les chirurgiens généraux abdominaux ont développé plus la laparoscopie peut-être avant, donc ils se sont appropriés ces chirurgies-là. Puis là, tranquillement, on dirait que la laparoscopie reprend sa place dans toutes ces sur-spécialités-là, puis de faire juste de la scopie, ce n'est plus vraiment comme une sur-spécialité, sauf que dans les faits, il reste qu'il y a certaines interventions qui sont comme personne en fait, mettons, même les rates, parce que puis souvent les gens vont me les envoyer, des choses comme ça. [00:24:44] Speaker C: OK, puis si on peut vous demander la question, c'est quoi votre chirurgie préférée? [00:24:48] Speaker A: C'est bon, j'en ai parlé cette semaine. Moi, c'est les cures d'erniatale. C'est ça que je trouve le plus le fun. Je trouve que l'anatomie est belle. On dissèque l'estomac des piliers du diaphragme, on voit le cœur, on voit la veine cave, on voit la horte, il y a des nerfs, il faut faire attention. Puis c'est comme satisfaisant quand c'est réparé. Ça, c'est une super belle chirurgie. [00:25:06] Speaker C: Puis, il y a certaines personnes qui disent qu'ils n'ont pas à aller en chirurgie parce qu'ils disent que c'est toujours la même chose et que ça devient répétitif. Vous, ce serait quoi votre input là-dessus, en fait? [00:25:16] Speaker A: Mais, tu sais, la chirurgie générale, il y a plus d'organes sur lesquels on opère que certaines spécialités ont d'intervention. Ça fait que, tu sais, on pourrait dire, puis là, tu sais, je ne veux vraiment pas être péjoratif sur certaines spécialités, mais il y a des spécialités qui opèrent sur un ou deux organes, c'est sûr que peut-être ça peut être plus répétitif. Mais je pense que ça dépend de la personnalité qu'on a. Moi, en fait, j'ai plus de plaisir dans ma surexpertise que dans la grande variété. T'sais, moi, si c'était à recommencer aujourd'hui, je pense que je ferais un fellowship en chirurgie thoracique. Parce que quand, justement, je fais des cures d'herniatale ou des myotomies d'ALR, c'est jamais « Ah, ben là, y a, mettons, un diverticule où il faut monter vraiment haut dans le thorax. » Ben, moi, je ne suis pas une chirurgienne thoracique, ça fait que j'approche à ma limite. Puis quand tu fais comme, je ne sais pas, 40 herniatales par année, mais tu sais, moi, je les trouve toutes différentes. Je sais que ça a l'air pareil, mais je pense que c'est ça. Quand on a une mentalité de sur-spécialiste, souvent, c'est qu'on aime ça, être un méga-expert dans presque rien. Puis moi, je me suis rendue compte qu'avec le temps, c'est ça que j'aime le plus. Puis, en général, je pense que ceux qui aiment mieux être bons dans plein de choses, mais je ne dirais pas de façon superficielle, mais juste par opposition, c'est peut-être des gens qui sont plus intéressés par des pratiques un petit peu plus hors des grands centres ou là. Tu fais un peu tout. Par contre, Sherbrooke est un milieu un peu intermédiaire. On a quand même une urgence primaire. On est le seul hôpital. Le CHU, il n'y en a pas d'autres. Donc, on continue à faire de tout. Ça fait de nous des gens, des chirurgiens vraiment polyvalents. Tu sais, tu peux aller n'importe quand. Je sors du remplacement quelque part, je fais des occlusions, des hernies en urgence, on fait tout ça. Mais dans ma pratique élective, je me gâte. Je fais mes affaires que j'aime le plus. [00:27:06] Speaker D: Puis en parlant des gardes, est-ce que vous pourriez nous parler de ces camps? [00:27:12] Speaker A: Fait que les gardes, tu sais, c'est pas la partie préférée de personne, je pense. Quoique, il y a quand même un petit... Il y a quand même une petite excitation quand on est de garde, que j'ai de moins en moins, je vais vous avouer. Parce que là, tu sais, on dirait que j'ai tout vu. Puis des fois, je suis comme un peu cynique, là, dans le sens que, tu sais, j'entends une raison de consulte, puis je sais déjà ça va être quoi. Ou tu sais, ça sera pas ça. Tu sais, là, tu sais, des fois, à force, on dirait quand même que la médecine est répétitive. Là, il y a quand même des choses qui se répètent. Mais il y a toujours un petit peu d'inconnu quand tu es de garde. Il y a une petite partie d'excitation, mais il peut aussi avoir de la fatigue qui rend ça la contrepartie un peu négative. Nous, comment on fonctionne? dans notre milieu, c'est qu'on fait des semaines complètes. Un chirurgien couvre un hôpital, l'autre chirurgien couvre l'autre hôpital, puis on fait sept jours d'affilée. C'est quand même exigeant parce que des fois, c'est occupé. Il y a toujours la possibilité, on s'entraide beaucoup. Moi, ça m'est arrivé quand j'ai un collègue qui a passé la nuit debout, de dire, ben, tu sais, il veut te coucher pendant la journée, je vais prendre ta pagette, j'opère de toute façon. Je vais répondre aux appels urgents. Ça peut quand même être assez fatigant. J'ai certaines collègues, ça donne que c'est des filles, mais ça pourrait être des gars, qui ont choisi de séparer leurs semaines. Ils trouvaient ça long 7 jours. Puis eux, ils font 3 jours, 4 jours, puis ils splittent leurs semaines, ce qui est tout à fait correct. Moi, j'aime encore mieux le modèle de faire sept jours. Je vous explique pourquoi. C'est qu'après une semaine de garde, il y a une deuxième semaine qui est la semaine post-garde qui peut être quand même pas mal occupée parce que nous, comment ça fonctionne quand on est à l'Hôtel-Dieu, c'est que tous les patients qu'on a admis, on continue à les suivre. On ne les donne pas au suivant. À Fleurimont, c'est différent parce qu'on ne peut pas être sur les deux hôpitaux en même temps. Ça fait que si on fait notre semaine à Fleurimont, après, les patients qui ont été opérés vont être suivis par le chirurgien de garde la semaine suivante. Mais à l'Hôtel-Dieu, les patients que tu as opérés, bien, tu sais, nous, on continue à les suivre. Moi, je trouve que c'est génial, que c'est mieux pour le suivi des patients, on les connaît bien, tout ça, mais ça fait que, mettons, la semaine est occupée, puis la semaine suivante, les aussi, mais un peu moins. Pas le soir, pas la nuit, mais quand même de jour, en plus de tes activités, tu as encore plusieurs patients à l'hôpital que tu essaies d'aller voir avant ta journée, au milieu de ta journée, à la fin de ta journée. Quand tu coupes ta semaine en deux, cette affaire-là revient deux fois. Parce qu'honnêtement, sur sept jours, rendus au dimanche, les patients du lundi sont partis presque tous. Je trouve qu'il y a comme une attrition qui fait que moi, je trouve que quand je te garde une semaine, c'est intense. Mais c'est moins long. Puis on fait actuellement à peu près aux six semaines avec le groupe qu'on est actuellement. Il y a quelques années, on était en grande manque de chirurgiens à Sherbrooke. Puis on faisait les deux hôpitaux en même temps. À peu près ça aux cinq semaines. Ça, ça a été dur. Ça a été difficile. Mais c'est ça. Au pire, on prend plus de vacances. On fait ça puis après, on se repose. Moi, je le voyais comme ça. [00:30:13] Speaker C: Pendant vos semaines de garde, vous ne faites aucune autre activité que la garde? Vous ne mettez pas des patients à vous? [00:30:19] Speaker A: La plupart du temps, on essaye, puis ça c'est au choix de chacun, la plupart du temps on essaye de se libérer, mais ça nous arrive, disons, nous on sait maintenant, parce qu'on a quand même, après avoir vécu ces années difficiles-là, on a mis en place des choses pour se faciliter la vie, fait que le bloc opératoire a mis des journées pour faire des cas d'urgence de jour. On a fermé des salles, on est comme tous les chirurgiens du département, on s'est dit comment on pourrait améliorer notre qualité de vie, on opère ben trop la nuit. Puis là, maintenant, je le sais qu'à l'Hôtel-Dieu, mettons, le mardi, jeudi, vendredi, le jour, il y a des journées pour faire des urgences. Ça fait que ces journées-là, c'est sûr que je ne me mettrais rien. Mais si ça donne, disons, que ma collègue fait de la chirurgie bariatrique le lundi ou le mercredi et qu'elle a besoin d'aide, ça se pourrait que j'aie des petites activités comme l'assister. Là, c'est que si je suis vraiment mal pris, je vais peut-être sortir voir une urgence, des choses comme ça. Ça fait que ce n'est pas zéro activité, puis c'est au choix de chacun. Ça arrive qu'il y en a qui se mettent des activités, tu sais, comme mettons, la garde commence le lundi matin. Ça m'arrive de mettre une clinique le. [00:31:17] Speaker C: Puis, si on allait un petit peu vers le côté académique, vous avez dit que vous faites de l'enseignement. Ça, comment ça se joue un peu dans votre horaire? [00:31:25] Speaker A: L'enseignement pour les chirurgiens, c'est au jour le jour avec les résidents, puis avec les étudiants en médecine, les externes, puis des fois des étudiants, comme on disait, de première ou deuxième année qui viennent faire du shadowing, venir nous regarder, voir un peu ce qu'on fait. C'est pas mal dans nos tâches. Ils font les choses avec nous. Fait que, mettons, les médecins résidents, ils opèrent avec nous, ils apprennent graduellement à faire des interventions, on fait de l'enseignement au quotidien. Ils voient aussi des patients, puis ils nous en parlent. Nous, on revit ça avec eux. Moi, je trouve ça vraiment stimulant. Participer aussi par moments aux réunions académiques. Il y a eu un moment où les réunions académiques étaient à la fin des journées, puis je trouvais ça vraiment motivant. Actuellement, les réunions académiques, les résidents ont préféré les mettre pendant la journée, donc c'est un petit peu plus difficile pour la participation. Mais je pense que moi, Je me suis rendue compte assez vite que j'aurais trouvé ça plus blasant d'être dans un milieu où pas être constamment challengé par des gens qui posent des questions, qui essayent de comprendre. Fait que t'sais, on l'explique aux plus juniors, mais après les R5, eux autres, ils ont des bonnes questions. Des fois, ils nous challengent, ils ont lu un dernier article, pourquoi on ne fait pas ce qu'ils ont lu, puis tout ça. Fait que je trouve que ça permet de garder ça vraiment intéressant. se tenir à jour. Puis encore là, pas pour dire que les chirurgiens qui ne sont pas dans le milieu universitaire ne sont pas à jour. Je ne veux pas dire ça du tout, du tout. Mais ici, on n'a pas le choix. Il y en a qui nous respirent dans le cou et qui nous poussent à toujours nous dépasser et à toujours me poser des questions. En plus de l'enseignement que je fais comme ça au quotidien, dans ma pratique, moi, j'ai toujours beaucoup aimé faire des examens, faire des questions. J'avais tout bâti, une banque de questions, d'examens formatifs pour que mes résidents, ils lisent. Ça, c'était même avant d'être directrice de programme. Je me disais qu'il faudrait accompagner les lectures. Là, je faisais un examen à tous les mois. sur un ou deux chapitres d'un textbook, puis je trouvais que ça forçait les résidents à lire un petit peu de façon, parce que moi, je trouvais que pendant ma résidence, j'avais pas lu tant que ça avant d'arriver proche-proche de mes examens. On est toujours très occupés. Fait que le fait de faire des petits examens formatifs comme ça pendant la résidence, je trouvais que ça permettait aux résidents de mieux structurer leur étude. Donc j'ai mis ça sur pied. Puis après ça, il y a déjà la faculté qui a donné mon nom pour que j'aille au LMCC, fait que pendant des années, ça doit faire, mon Dieu, écoute, je pense que ça fait 20 ans que je suis sur le LMCC pour faire des questions pour les examens de chirurgie. Puis ça fait aussi longtemps que je suis au Collège Royal. pour faire des questions pour les examens écrits, les examens oraux. Évidemment, pendant que j'étais directrice de programme, j'ai pris une pause parce que le Collège royal ne veut pas qu'on ait de conflits d'intérêts, mais je suis de retour au Collège royal maintenant que je ne suis plus directrice de programme. C'est quelque chose aussi que je trouve vraiment intéressant pour se tenir à jour, faire des questions, s'assurer de la bonne formation des médecins résidents. [00:34:22] Speaker D: C'est intéressant. Puis, comme dernier point de l'épisode, on aimerait aborder votre expérience en tant que directrice du programme. [00:34:27] Speaker A: Oui. [00:34:28] Speaker D: Donc, est-ce que vous pourriez en parler plus de vos rôles, vos difficultés? [00:34:31] Speaker A: Oui, oui. Bon, être directrice de programme, c'est comme être une maman. Ça vient avec des beaux moments, des moments plus difficiles. Ce qui est le plus difficile, je pense, c'est quand il y a un résident qui a de la difficulté. Accompagner les résidents qui vont bien, c'est facile. de faire des belles évaluations, c'est le fun, mais quand il faut que tu aides un résident à cheminer avec des difficultés, soit d'organisation, de jugement, ou peut-être qu'il n'est pas tellement à sa place, puis le faire cheminer là-dedans sans que ben t'sais, la personne voit ça comme un échec puis que ça se passe bien. Ça peut être plus difficile. Puis t'sais, des fois, nous, comme directrice de programme, on vit les tensions entre les professeurs puis les étudiants. T'sais, mettons, les résidents, ils ont des revendications, les professeurs sont pas d'accord, puis t'es comme un peu pogné entre l'arbre et l'écorce. Mais c'est un rôle que j'ai vraiment, vraiment beaucoup aimé. Je trouvais que ça permettait une belle proximité avec les résidents. Par contre, tu sais, il y a comme un côté où tu sais tout de leurs évaluations, tout ça. Fait que moi, je trouvais que j'avais une belle proximité. Mais des fois aussi, je trouve que quand tu n'es pas du tout directeur de programme et que tu es juste professeur, ça peut être le fun aussi. Parce que là, le résident, il se sent moins en évaluation toujours quand il te parle, même si moi, je ne le sentais pas. Je sais que pour certains, ça comptait de savoir que je connaissais leur dossier de A à Z et qu'il avait une mauvaise évaluation quand il était R1. Tu sais, moi, j'oublie ça. Mais c'est quand même, une direction de programme, c'est quand même beaucoup de travail. Ça, c'est le côté le fun. Accompagner les résidents, ça, c'était quand même vraiment agréable. Il faut savoir qu'il y a tout un côté administratif qui est remplir des documents pour l'agrément. Ça, c'est moins ce que j'aimais moins. Donc, tu sais, tout mettre sur papier, comment on répond à différentes normes de qualité dans notre programme. s'assurer que ce que nous on pense qu'on fait bien, c'est bien transmis. Je trouvais ça un petit peu plus lourd. Ce que je trouvais plus difficile vers la fin de mon mandat, c'est vraiment de ce côté-là. Le côté d'accompagnement des résidences, j'aimais vraiment ça. C'était vraiment le fun. [00:36:39] Speaker C: C'est ce côté-là plus administratif qui vous a poussé à laisser faire ce poste-là. [00:36:45] Speaker A: Habituellement, les gens font un mandat de quatre ans ou deux mandats de quatre ans. Moi, j'ai quand même fait dix. Je pense que c'est juste le temps que je passe à autre chose pour aussi qu'il y ait des nouvelles idées. Parce que quand même, la direction d'un programme, ça prend un peu la couleur du directeur de programme. À un moment donné, c'est le fun qu'il y ait quelqu'un de nouveau qui arrive peut-être avec des nouvelles idées et tout ça. Mais disons que j'avais fait ma part. Si j'avais été vraiment obligée, s'il n'y avait personne qui voulait le faire, j'aurais probablement pu continuer, mais je pense qu'honnêtement, j'aurais peut-être aimé mieux rien faire qu'être chef de service, comme prendre une longue pause. Ça a donné que, bon, dans mon service, personne n'avait le goût d'être chef de service, puis on m'a demandé de le faire, puis je me suis dit, bon, OK, je vais le faire, je vais l'essayer, je ne vous garantis rien. Puis j'avais dit à mes collègues, écoutez, ça ne me tente pas tant, je vais peut-être avoir besoin d'aide, on va peut-être se partager les tâches. Mais, oui, tu sais, je pense que la plupart des tâches administratives dans un hôpital, il faut savoir que c'est habituellement des mandats, puis on s'attend à ce que tu en fasses un ou deux, puis après ça, tu sais, c'est comme normal de passer au suivant. [00:37:51] Speaker C: Ah, bien, c'est vraiment intéressant. Est-ce que vous avez un dernier conseil à dire à nos étudiants en médecine pour leur début d'externat? [00:38:00] Speaker A: Bon, n'ayez pas peur du stage de chirurgie. Je sais qu'on se lève de bonne heure et qu'on peut avoir l'air brusque. On est des gens vraiment dans l'action, mais c'est quand même un beau stage. Il y a plein d'affaires à apprendre. Et pour votre choix de résidence, je vous dirais juste rester ouvert, arriver avec l'externat en disant que vous êtes là pour apprendre et laisser un petit peu votre intérêt se concrétiser. Vous allez voir, à un moment donné, on le sent. Puis, posez des questions, ayez l'air intéressé, mais fermez-vous pas de porte trop vite, on ne sait jamais. [00:38:32] Speaker D: Merci beaucoup, Docteur Comeau. Donc, c'est ce qui va clore cet épisode. Puis, on vous remercie d'être un modèle féminin pour nous en chirurgie. [00:38:40] Speaker A: Ça me fait plaisir. [00:38:43] Speaker B: Donc, c'est ce qui conclut notre épisode avec Dr. Como. On espère que vous avez apprécié. C'était vraiment des discussions très intéressantes. La maternité, c'est quelque chose qu'on n'avait pas beaucoup abordé à ce jour, puis c'était vraiment intéressant d'en parler un peu plus. Donc, c'est ça. On espère vous revoir à notre prochain épisode. [00:39:01] Speaker A: Au revoir!

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